Morgan C. York & Elizabeth S. Montgomery
Une bière, deux bières…

Et une nouvelle journée de travail d’effectuée. Journée plutôt calme. Très calme même. Le seul patient qu’il y avait eu (rien de bien grave), outre les dolls revenant de mission (presque pas aussi) avait été durant sa pause. C’était plutôt rare. La journée avait donc servie à faire du ménage, du rangement, à mettre à jour ce qu’il y avait, ce qu’il manquait, les dates de péremption. L’inventaire quoi. Ce n’était pas ce qu’Elizabeth préférait faire, mais il fallait bien le faire puisqu’ils en avaient l’occasion. Plutôt qu’entre deux personnes, c’était toujours mieux ainsi, moins de chance d’oublier le compte et de faire des erreurs, ou encore d’être obligé de recommencer. Au final, il ne manquait pas grand-chose dans le cabinet médical. Ce qui était bien. Et c’était maintenant encore plus propre que ça l’était. Ce qui était aussi très bien. Ce qui l’était moins c’était ses mains qui sentaient le produit de nettoyage. L’odeur partait un peu plus à chaque fois qu’elle se lavait les mains, mais elle n’était tout de même pas pour passer son temps à faire ça. Et elle sentait peut-être seulement tout le temps ça, car elle en avait trop sentie. Ce qui n’était pas quelque chose de vraiment problématique en soit. Après cette journée, il était sûr qu’elle n’allait pas faire de ménage chez elle. Elle en avait assez fait comme ça. Heureusement, ce n’était pas vraiment le bordel chez elle, elle n’avait jamais été bordélique.

Après cette journée de travail pas comme les autres, Betty alla se changer, troquant son uniforme d’infirmière contre un chemisier et un jean, pour ensuite, remonter à la surface. Remonter à la surface. Elle adorait cette expression. Et même si cela faisait un an qu’elle faisait ça, qu’elle se disait à chaque jour, elle avait toujours l’impression qu’elle parlait d’un sous-marin. Même si elle n’avait jamais mis les pieds dans un tel appareil et qu’elle ne pensait pas qu’elle allait y mettre les pieds un jour. Cette impression était tout de même toujours là. Ce qui la faisait sourire à presque chaque fois, peu importe à quel point c’était répétitif comme pensée et comme geste. Ce n’était pas comme si on pouvait lire dans ses pensées et deviner qu’elle pensait à chaque fois ou presque qu’elle… remontait à la surface. Si on lui posait la question, du pourquoi elle souriait comme ça, elle répondrait franchement. Elle ne verrait pas pourquoi elle devrait avoir honte de cette pensée. Mais elle ne pensait pas que cette question pouvait être posée un jour, car si elle souriait c’était parce qu’elle avait finie sa journée et qu’elle rentrait chez elle. Explication plus simple et plus logique.

Dans le stationnement, au moment où elle allait s’allumer une cigarette, elle croisa Morgan. Il surveillait, elle soignait. Mais c’était en le soignant qu’elle l’avait rencontré peu de temps après qu’elle ait commencé à la Dollhouse. Elle rangea sa cigarette, elle allait la fumer plus tard et se dirigea vers le jeune homme. Elle lui demanda s’il ne voulait pas prendre une bière (ou deux ou trois, tout dépendait des fois). Activité qu’ils faisaient de temps à autre après une journée. Car ils n’avaient pas nécessairement toujours les mêmes horaires. Elle oui très souvent, mais lui tout dépendait des missions que son protégé avait. Elle ne pouvait pas dire comment cela fonctionnait exactement, mais elle ne pensait pas que c’était des horaires fixes. Rien ne l’obligeait à l’accepter si cela ne lui tentait pas ou s’il avait autre chose à faire. Ce n’était qu’une proposition comme une autre, question de décompresser un peu si besoin. Il accepta. Ils se dirigèrent donc vers la ville, elle fuma dans sa voiture, enfin d’aller quelque part où il y avait de la bière… ce qui faisait beaucoup d’endroits tout de même. Ils s’arrêtèrent dans un lieu qui ne semblait pas être trop plein et ils s’installèrent à une table. « Et ta journée ? » lui demanda-t-elle. Simple, pas très original, mais il fallait bien commencer quelque part. Il pouvait aussi avoir envie de juste boire une bière et de ne pas parler. Ou d’aborder un autre sujet. Être amis c’était être tout autant capable de parler de tout comme de rien, ainsi que de respecter l’autre dans son choix de silence et que ce dernier ne soit pas lourd. Enfin, selon elle. Ce n’était pas nécessairement tout le monde qui avait la même définition de l’amitié. On vint prendre leur commande quelque instant plus tard. Bière. Pas compliqué. La marque ? Et bien, elle n’était pas difficile. Elle buvait de tout, elle aimait bien choisir une qu’elle n’avait jamais goûtée lorsqu’elle était seule. N’importe quoi lui allait donc.

“Une bière, deux bières...„

« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu. »
Georges Courteline

Les journées peuvent s'écouler rapidement comme très lentement. Aujourd'hui, la rapidité fut de mise. J'avais passé mon temps devant mon bureau et avec Echo dont j'étais l'agent. Nous nous étions entraînés pour parfaire ses techniques de combats et lui apprendre à se défendre en cas d'attaque surprise. Il était important pour une Doll de savoir se défendre car, en tant qu'agent, je ne serais pas 24h/24 derrière mon protégé. De plus, avec mon ancien métier dans l'armée, je pouvais apprendre à mon actif des techniques que peu d'autres Dolls connaîtraient dans la Dollhouse. Il aurait un avantage considérable sur les autres et cela ne me déplaisait pas. Être le meilleur, voilà ce qui importait. Echo pourrait ainsi éviter la mort ou tout autre torture qu'une personne pourrait lui faire subir. Je devais le protéger. C'était mon métier et bien que j'eus quelques problèmes par le passé avec cette organisation concernant mon ancien actif, je devais avouer qu'à l'heure actuelle, je prenais mon travail au sérieux.

Une nouvelle journée s'achevait. Echo était sain et sauf et pour cause, il n'était pas sorti. J'éteignis mon ordinateur et sortis des bureaux de la sécurité. J'aperçus au loin mon actif. Je le regardais un instant et continuais alors mon chemin pour prendre l’ascenseur et sortir d'ici. Grâce à mon badge, les portes s'ouvrirent et je pus rejoindre le parking sans prendre la peine de passer par les vestiaires ou même l'armurerie pour déposer mon arme. après tout, j'avais un permis pour en porter une, je n'allais donc pas le laisser au fond de mon porte-feuille. Alors que je rejoignais mon pickup, j'aperçus Elizabeth que je surnommais plus habituellement Beth. C'était plus court et plus simple à dire à mon goût. Elle me proposa d'aller boire un verre. Pourquoi pas, je n'avais rien d'intéressant à faire ce soir. Je serais rester seul chez moi à regarder la télé ou un film devant un plat réchauffé par mes soins. Boire une bière ne pourrait me faire de mal. Nous partîmes donc chacun de notre côté pour nous arrêter devant un bar et rentrer dedans. Sur la route, j'avais regardé les derniers résultats sportifs avec mon téléphone. J'étais désormais entièrement consacré à la jeune femme pour ce début de soirée. « Et ta journée ? » Me demanda-t-elle alors que nous étions installés à une table et que l'un des serveurs vint à notre rencontre pour la commande.
« Deux pressions, s'il vous plait. » Il partit. Je pouvais donc répondre tranquillement à Beth qui était assise en face de moi. Je déposais mon téléphone sur la table. « Ce fut une journée des plus banales. Aucun contrat, aucune sortie. Juste de la paperasse et un bon entraînement avec Echo. Je crois même que ça m'a fait beaucoup de bien. » Le jeune serveur revint avec nos deux pintes. Verre en main, je trinquais avec la demoiselle avant de boire une gorgée de cette délicieuse boisson dont nous avions l'habitude tous les deux après le travail. « Me défouler m'a fait du bien. Surtout qu'Echo apprend vite donc c'est plus intéressant au final. » Je bus à nouveau une gorgée de ma bière. « Je pense que je vais avoir une ou deux marques demain matin. Mais bon, j'ai l'habitude... » Ajoutais-je en reposant mon verre sur la table.

Il n'y avait pas grand monde dans le bar. C'était agréable car nous pouvions discuter sans chercher à dire nos paroles par des codes pour cacher l'existence de la Dollhouse aux habitants de la capitale néo-zélandaise. C'était même plus qu'agréable d'être aussi libre. Nous étions seuls dans notre coin et personne ne viendrait nous déranger. Nous n'étions pas des clients réguliers ou habituels contrairement à d'autres qui rigolaient au bar avec le gérant, peut-être le propriétaire. Je n'en savais rien. En tout cas, il devait être le plus haut car tous suivaient ces instructions. Mon regard revint rapidement vers Beth, une fois que je m'étais assuré que personne ne pouvait nous entendre. « Et toi, y'a eu du mouvement aujourd'hui ? Je ne sais même pas si certain était parti ou non ? De toute façon, il n'y a qu'Echo qui compte pour moi. » Lui demandais-je finalement en jetant mes yeux azurés dans son regard marron.